CARPE D’OR

Ce projet a vu le jour grâce à l’initiative des enseignants Marc Laforest et Patrick Ronci en arts plastiques, ainsi que Valérie Cloutier en art dramatique.

par Marc Laforest

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Marc Laforest

Arts plastiques

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    Il s’agissait d’un défi que nous nous étions lancé ; en début d’année, lors d’une réunion informelle avec notre nouvelle collègue en art dramatique, nous discutions d’une façon de mettre nos efforts en commun pour faire vivre une expérience artistique multidisciplinaire à nos élèves. Nous voulions regrouper les élèves de la concentration arts plastiques avec ceux d’art dramatique dans un projet « grandiose ». Nous avons donc décidé de présenter une pièce de théâtre avec marionnettes géantes. En peu de temps, nous avions compris, Patrick et moi, que notre collègue d’art dramatique n’avait pas pris la chose à la légère. Celle-ci est arrivée une semaine plus tard avec une pièce originale de Gilles-Philippe Pelletier, « La Carpe d’or », qui, selon elle, pouvait être adaptée pour un spectacle de marionnettes géantes.

    Pour entreprendre un projet de cette envergure, où les protagonistes sont de parfaits néophytes, rien de mieux que d’aller consulter des professionnels. Nous avions tous déjà entendu parler du théâtre de la Dame de cœur. Nous savions qu’ils recevaient des groupes pour des ateliers de fabrication et de manipulation de marionnettes. Le programme Culture à l’école nous a permis de sortir nos quatre-vingt-dix élèves pour une journée complète au théâtre de la Dame de cœur à Upton. Nous avons été séduits par l’accueil et la disponibilité de son personnel. La pertinence des ateliers cadrait parfaitement avec nos besoins. Ainsi, nous avons pu vraiment nous familiariser avec l’univers de la marionnette géante. C’est à ce moment que nous avons réalisé l’ampleur de la tâche.

    Les marionnettes de la Dame de Cœur sont très complexes au niveau mécanique. Comme nous ne disposons pas de métal et d’atelier de soudure à l’école, nous avons dû nous adapter et imaginer un concept de marionnettes avec des matériaux accessibles. Nous avons fait le tour des ateliers de la Dame de Cœur et questionné les techniciens pour qu’ils nous aiguillonnent vers une piste de réalisation.

    De retour à l’école, Valérie Cloutier nous a dressé une liste des personnages à concevoir en marionnettes géantes, en marionnettes de tête et en marionnettes à bâtons. Valérie avait préalablement adapté « La Carpe d’or », une pièce de théâtre pour enfants destinée à la marionnette à mains, pour en faire une réalisation à grand déploiement.

    Avant même d’intégrer les élèves au projet, nous avons élaboré le prototype d’une tête de marionnette géante (armature) à partir de matériaux que nous avons judicieusement choisis : carton récupéré grand format, broche à poule, tiges de métal, « tie wraps » et tuyaux de plomberie en pvc. Une fois le concept établi, nous avons réalisé que les élèves auraient besoin d’un encadrement serré de notre part pour mieux optimiser le temps de création, puisque nous ne disposions que de trois mois et demi pour mettre à terme notre projet. Nous avons opté pour la marionnette habitée plutôt que pour la marotte, qui est déposée sur une tige. Donc, l’élève allait porter une tête géante sur ses épaules et deux autres personnes allaient manipuler ses bras géants.

    L’enseignante d’art dramatique a initié les élèves d’arts plastiques aux traits de caractères physiques et psychologiques de chaque personnage. Nous avons ensuite tiré au sort les équipes de production pour chaque personnage (le loup, l’ours, la marmotte, l’écureuil, la taupe, la chouette, les deux crapauds-fluos et les deux serpents). Sachant que nous devions réaliser dix marionnettes, nous avons divisé la tâche en deux étapes : croquis 2D et sculpture de la tête des personnages en pâte à modeler 3D. Un comité de sélection composé d’élèves et d’enseignants a arrêté son choix sur l’ébauche la plus représentative de l’esprit de la pièce pour chaque personnage.

    Sachant que la manipulation de chaque marionnette nécessitait une tête et deux bras (ou ailes), nous avons divisé la classe en sous-groupes de conception : trois élèves par tête et deux élèves par bras (ou ailes).  Nous voulions quelque chose de minimal pour la marionnette, sans corps et sans costume, afin de mettre l’accent sur l’expression faciale de celle-ci. Par conséquent, les manipulateurs (trois par marionnette) étaient à la vue du spectateur.

    De façon concrète, la conception des armatures débutait par une découpe successive dans du carton rigide. Fixées à l’aide de fils de métal, de « tie wraps », de colle chaude et divers autres matériaux, nous les avons ensuite assemblées sous forme de strates pour créer le volume. Un système amovible pour la mâchoire a été conçu pour faire parler le personnage, qui était interprété par un élève qui se trouvait à l’intérieur même de la marionnette. Les têtes étaient ensuite recouvertes de broche à poule et d’une finition lisse de papier mâché.  La structure ainsi rigide, nous avons opté pour un fini noir et blanc avec une seule couleur pour les yeux. Une recherche exhaustive a été réalisée quant aux motifs représentant le pelage (ou les plumes) pour chaque animal.

    En faisant essayer les têtes aux élèves manipulateurs, nous avons constaté qu’elles étaient beaucoup plus lourdes que nous l’avions prévu et pénibles à porter pour toute la durée du spectacle. Nous avons donc eu l’idée d’installer un système de pattes sous forme de déambulateur avec des tuyaux en pvc. L’élève pouvait ainsi déposer la marionnette au besoin, d’autant que ce système facilitait aussi son équilibre.

    Parallèlement à l’élaboration des marionnettes, les élèves répétaient assidûment la pièce lors des cours d’art dramatique. N’ayant pas les marionnettes à leur disposition avant la générale du spectacle, ils répétaient en simulant les manipulations. Ils devaient également mémoriser le texte, effectuer les déplacements et synchroniser les mouvements corporels des marionnettes avec les répliques.

    La scénographie comprenait une bâche représentant un ciel, un arbre géant en papier mâché, un castelet de deux pieds de haut par 15 pieds de long représentant des arbustes, ainsi que des projections vidéo virtuelles. Pour y arriver, nous avons formé des équipes flottantes composées d’élèves d’arts plastiques et d’art dramatique qui travaillaient la scénographie pendant les cours, les récupérations et les temps libres. Comme nous avions consacré beaucoup de temps aux marionnettes, nous devions nous organiser pour être très productifs pour terminer à la date où nous avions réservé la salle et l’équipement.

    Le spectacle fut présenté à la salle Yvon-Hébert de l’école secondaire Saint-Maxime de Laval devant les élèves des écoles primaires des Quatre-Vents, St-Paul et Saint-Norbet. Le spectacle fut également présenté devant parents et amis. Ainsi, nous avons pu rassembler un public de plus de 1500 personnes en trois représentations qui se sont tenues les 3 et 4 mai 2011.

    De plus, nous avons eu l’opportunité de rencontrer l’auteur de la pièce, Gilles-Philippe Pelletier, qui est venu donner une conférence aux trois groupes associés au projet. Son engouement a été tel que celui-ci a assisté à deux des trois représentations devant public.

    À travers ce projet multidisciplinaire, les élèves d’art dramatique et d’arts plastiques ont partagé une expérience des plus enrichissantes tant sur le plan artistique qu’humain. Leurs réalisations ont émerveillé les enfant de trois écoles primaires et, de ce fait, ils ont pu constater par eux-mêmes les effets du travail de collaboration en création. Pour aller au-delà de l’aspect purement  « loisir » de la création artistique, la sortie à la Dame de Cœur et la rencontre avec l’auteur ont aussi permis aux élèves de voir le côté professionnel de l’art. Par conséquent, nous sommes convaincus que tout le temps investi et les durs labeurs en ont vraiment valu la peine pour tous les artisans du projet, ainsi que pour les spectateurs qui ont assisté à la pièce.

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