Famille, je vous aime !

De la tradition picturale à la mise en scène photographique dans un contexte familial par Nathalie Claude, enseignante en arts plastiques, Collège Regina Assumpta

par Nathalie Claude

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Nathalie Claude

Enseignante en arts plastiques, Collège Regina Assumpta

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« Famille, je vous aime ! » est, à l’origine, un scénario d’apprentissage qui a été réalisé avec 125 élèves de 2e secondaire inscrits dans un cours d’arts plastiques au Collège Regina Assumpta. Chaque pays sollicité par la suite a collaboré en plusieurs étapes, selon une réalité liée à son propre contexte éducatif.

 «Pour être nous, il nous faut les nôtres.»

Tout débute par cette brève citation intégrée dans une courte vidéo présentant le projet à quatre groupes de 38 élèves de 2e secondaire, tous tenaillés par le désir de renoncer définitivement à leur enfance  et de se détacher de leurs parents.

À l’annonce d’un projet de collaboration avec la famille, la réponse de l’adolescent est aussi limpide que prévisible : «Pas question ! Pas un projet avec la famille, madame!» L’adolescent affirme alors sa différence. Il faut surtout, croit-il, se mettre à distance du parent dont on ne pourrait être trop proche : «Je ne suis pas toi, je suis moi!»

La famille a été, est et sera de première importance dans la protection, le devenir et la socialisation des enfants. Pourtant, dans nos cours de récréation, parler de sa propre famille est une tradition cachée, méconnue, presque censurée dans le langage des adolescents. Malgré cela, dans un groupe, l’adolescent est tenaillé par un besoin de conformité, d’être comme les autres, de faire partie du groupe, d’expérimenter la vie, d’être lui-même tout ayant besoin de l’autorité qui rassure et de preuves d’amour.

À l’origine se trouvent un tableau classique de grand maître, « Autoportrait avec Isabelle Brand t» (1609) de Pieter Paul Rubens, un autre, « Elsbeth Binzenstock, épouse de l’artiste, et leurs deux enfants Philipp et Katerina » (1542) d’Hans Holbein, et un dernier, « Famille de paysans » (1642) de Louis Le Nain. Tous trois témoignent d’un travail moderne sur l’expressivité de chaque scène représentée en famille; il est donc proposé à l’élève de choisir un tableau parmi cette sélection.

Dans un premier temps, les élèves font un travail d’observation et d’analyse des images de l’art, dégagent de celles-ci un intérêt ou non et repèrent les éléments de la mise en scène picturale ainsi que de l’aspect historique de l’œuvre. S’ensuit une discussion de groupe sur la famille comme creuset de transmission des valeurs.

Une performance théâtrale

Par la suite, il est proposé à l’élève de recréer, en collaboration avec sa famille (parents, sœurs et frères, tante, cousin, etc.), une mise en scène identique au tableau choisi au départ en respectant la position des sujets et la composition, tout en faisant ressortir un intérêt visible ou une passion définie au préalable : photographie, jeu d’échecs, magie, plongée sous-marine, musique, sports, etc.

Après l’annonce du sujet, toutes les familles commencent à se mettre au travail et construisent avec leur adolescent une image par l’intermédiaire d’un médium bien précis : la photographie.

Chaque famille offre alors une représentation d’elle-même et chaque acteur présent dans l’image joue un rôle. Lorsque les familles manquent d’imagination, elles n’hésitent pas à piger dans le bagage créatif de leur jeune pour trouver l’inspiration. Pour se faire comprendre, elles doivent sortir du lot et marquer les esprits.

Finalement, tous participent à l’activité, collaborent et voient une façon originale de se rapprocher les uns et des autres. Les performances sont dynamiques, créées en équipe et, surtout, redonnent vie à une vieille tradition picturale.

Cette expérimentation amène également les familles à renforcer une meilleure connaissance de ses membres, à développer le plaisir de découvrir leur adolescent sous un nouveau jour,  à élargir leur perspective et à améliorer leurs habiletés d’éducateurs :  « On n’a jamais assez de temps dans la vie. Pourtant, il est si important de prendre le temps nécessaire pour passer des moments de qualité en famille », soulignera un parent impliqué dans « Famille, je vous aime! »

Une expérience de création à l’international

Le Québec, l’Argentine, la Chine, le Burkina Faso, autant de diversités culturelles qui représentent ce tout complexe englobant l’ensemble des manières de faire, de sentir et de penser au sein d’une famille. Que ce soit la société occidentale, asiatique ou africaine, chaque famille possède des manières de vivre qui ne sont pas identiques. Quatre enseignantes en français provenant de différents continents ont reçu une situation d’apprentissage du projet     « Famille, je vous aime » avec un complément d’informations concernant les techniques photographiques. Il est intéressant de souligner que chacune d’entre elle s’en est emparé avec sa propre méthode d’apprentissage. Dès lors, deux d’entre elles ont choisi d’étudier avec leurs élèves un tableau qui sera par la suite repris pour la mise en scène finale (Argentine, Chine).Une autre a développé une discussion autour du thème de la famille et a proposé trois tableaux choisis dans le cours d’arts plastiques (Burkina Faso). La dernière (Québec) s’est inspirée de la technique du haïku comme mise en contexte afin d’associer le rapport du texte à la mise en scène photographique dans le contexte familial.

Au final, on constate que le tableau classique (mise en contexte) devient une représentation universelle qui n’a pas besoin d’être traduite. Les élèves, les familles, tous le voient avec les yeux de leur propre culture.  On découvre de l’intérieur le quotidien de peuples uniques, magnifiques et attachants : de jeunes Africains du Burkina Faso tiraillés entre les intérêts traditionnels de leurs ancêtres et la modernité (utilisation de la photographie), de jeunes Argentins mis en scène avec des instruments de musique et rejouant la scène du tableau de Berthe Morisot «Eugène Manet et sa fille dans le jardin de Bougival, 1881», de jeunes Québécois déployant leurs précieux accessoires de fin de semaine (camping, ski, jeux de glisse, etc.), et de jeunes Chinois illustrant un mode de vie traditionnel baigné dans la mondialisation en s’inspirant des tableaux à caractère familial d’Édouard Manet (Le Balcon, 1869), de Pierre Auguste Renoir (Jeunes filles au piano, 1892) et de Paul Cézanne (Les joueurs de cartes, 1891).

En définitive, la question de la réutilisation de la tradition picturale déroute parce qu’elle semble au premier abord figée dans un temps précis. Mais, dans le contexte pédagogique de « Famille, je vous aime! », la théâtralité devient beaucoup plus qu’un jeu amusant et créatif. À travers elle, c’est avant tout une approche personnelle de collaboration que les élèves et leur famille ont construite, ce qui donne à l’ensemble du projet une dimension presque mythologique qui impressionnerait les grands maîtres de la peinture classique occidentale.

Pays participants, disciplines et collaboration

  • Québec (Canada) : arts plastiques (discipline qui a expérimenté et initié le projet) : Collège Regina Assumpta, Nathalie Claude, 225 élèves de 2e secondaire
  • Québec (Canada) : français, Collège Regina Assumpta, Christine Barnes, 152 élèves de 3e secondaire
  • Buenos Aires (Argentine) : français, École Normale Supérieure en Langues Vivantes Sophie Broquen de Spangenberg, 45 élèves de niveau intermédiaire, Maria Marta Bernard et Victoria Gonzalez
  • Bobo-Dioulasso (Burkina Faso : français, École Kuab, 15 élèves de niveau 5e année, Aboubakar Sanou, directeur de l’école, et Jolyane Lambert, éducatrice spécialisée
  • Shangai (Chine) : français, département de français de l’École de Langues Étrangères, 30 élèves de niveau débutant, madame Liu, directrice du département de français, et Jun Dai, enseignante de mandarin au Collège Regina Assumpta

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