J’AIME, TU AIMES, IL N’AIME PAS

par Andrée-Anne Milot

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Andrée-Anne Milot

Élève finissante de 5e secondaire au Collège Jésus-Marie de Sillery

Biographie

Autres publications de cet auteur

    Enseigner est un acte de rencontres… J’enseigne au Collège Jésus-Marie de Sillery, où l’on dispense le programme d’éducation internationale. Ainsi, j’ai le privilège d’accompagner des finissants dans la réalisation de leur projet personnel. D’où ma rencontre avec Andrée-Anne Milot. Comble de joie, pour son projet, Andrée-Anne  a rédigé deux articles sur les différentes perceptions dans l’appréciation esthétique, ils seront publiés dans le journal étudiant. Impressionnée par le calibre et le style des articles, j’ai spontanément eu l’idée de partager ses réflexions aux membres de l’AQÉSAP. MERCI à l’équipe de VISION, votre accueil est une belle marque de reconnaissance à l’égard de la jeunesse… 

    Linda Pichette,
    Enseignante spécialisée en arts plastiques.
    Collège Jésus-Marie de Sillery

    Ne vous êtes-vous jamais demandé si les gens, ceux qui se retrouvent dans un musée en même temps que vous, ressentaient la même chose devant cette sublime toile de Monet? En effet, lorsque vient le temps d’apprécier une œuvre artistique, bon nombre de personnes pourront vous dire qu’elles l’ont adorée alors que d’autres l’auront trouvée mauvaise. Toutefois, peu d’entre elles pourront répondre clairement à cette question : pourquoi est-ce que chacun l’apprécie d’une manière différente? Bienvenue dans le monde merveilleux de l’appréciation esthétique. J’aime, tu aimes, il n’aime pas : d’où vient cette diversité d’opinions?

    Le mur blanc

    Pour débuter en beauté, une petite mise à niveau, question d’être tous sur un pied d’égalité, s’impose d’elle-même. Voici donc une courte définition maison de l’appréciation suivie d’une approche personnelle de celle-ci. Pour moi, apprécier une œuvre signifie qu’on se l’approprie, qu’on la met à son image et qu’on la voit, non pas avec le regard de l’artiste, mais, pour ainsi dire, avec ses propres lunettes. Ces « lunettes » sont en quelque sorte garnies de verres teintés. Ceux-ci peuvent être de couleur différente en fonction de nos expériences, de notre âge, de nos rêves, de nos souvenirs, etc. C’est un peu comme regarder un mur blanc, une fois avec des lunettes aux verres teintés bleus, puis avec des verres de couleur rouge.

    Maintenant que tous sont sur la même longueur d’onde, voici un petit élément à prendre en note : chacun est unique. En fait, cela semble simple et c’est vite dit, mais certaines personnes ont tendance à l’oublier lorsqu’il présente une œuvre à d’autres gens. Chaque être humain a une façon différente de voir un tableau et c’est ce qui rend l’appréciation si diversifiée et si fascinante. Dans mon cas, il m’arrive de ressentir un coup de cœur pour une œuvre lorsque celle-ci me permet d’avoir une connexion avec mes souvenirs ou mes aspirations. En d’autres mots, je ressens la plupart du temps un certain lien s’établir. Pour reprendre l’exemple du mur blanc, mes lunettes sont peut-être vertes, représentant ainsi mon amour pour la nature.

    ___________________________________________________

    Il est toutefois important de mentionner qu’il existe des facteurs influençant l’appréciation. Ce sont pour la plupart des éléments personnels qui peuvent s’appliquer à une majorité de personnes. Premièrement, parmi les facteurs les plus évidents, il y a l’âge. Il faut toutefois comprendre que l’âge englobe plusieurs autres facteurs en même temps. En effet, les expériences passées et les connaissances accumulées au cours d’une vie dépendent avant tout de l’âge de la personne à qui vous vous adressez. L’enfant possède beaucoup moins de connaissances sur l’art qu’un adulte et il regardera alors ce tableau avec moins de profondeur qu’une personne plus âgée. C’est aussi ce qu’on appelle le sens propre et le sens figuré. Les enfants ont tendance à voir le premier sens d’une image. Leurs réponses sont souvent plus spontanées, fraîches et « naïves ». Plus on grandit et plus il nous est facile de s’attarder devant une œuvre afin de découvrir son sens imagé, parfois plus poétique. De plus, les enfants peuvent avoir plus de difficultés à percevoir tous les sens d’une œuvre polysémique puisque leurs connaissances sur le monde qui les entoure sont alors limitées. D’autre part, avec l’âge, nos expériences et nos apprentissages se multiplient et nous permettent de vivre de nouvelles observations sur soi-même et sur le monde qui nous entoure. Pour valider mon propos, j’ai voulu observer, participer, concevoir et animer des activités d’appréciation esthétique. Voici le fruit de ces expériences.

    Les activités et les résultats

    En premier lieu, j’ai débuté par une simple activité avec 12 élèves de première secondaire puis avec 28 étudiantes de secondaire quatre qui étaient dans le cours optionnel d’arts plastiques. J’avais préalablement sélectionné trois œuvres que des étudiantes de quatrième secondaire avaient réalisées dans le cadre du projet alliant nature et surréalisme. Par cette activité, je voulais récolter les coups de cœur des filles et les raisons de leur choix de manière à compiler différents fondements et motifs de ces choix. J’ai pu observer plusieurs éléments, certains plutôt surprenants, d’autres assez prévisibles. En voici un exemple, une élève m’a décrit la toile « Les montres molles » de Dali avec trois mots : temps, argent et amour. J’étais tout d’abord surprise de son choix, mais je le fus encore plus une fois qu’elle m’eut exposé son raisonnement. Elle m’a répondu : « Le temps, car celui-ci semble parfois nous échapper. L’argent puisque le temps peut devenir de l’argent lorsque l’on travaille. Et l’amour, car lorsqu’on aime, on ne voit plus le temps passer. » Toutes les réponses n’étaient pas formulées d’une façon aussi approfondie, mais j’ai généralement été agréablement surprise.

    Ainsi, les étudiantes de secondaire un avaient majoritairement répondu aux questions par des réponses de premier sens, alors que les élèves plus vieilles démontraient davantage de recherche ou d’approfondissement dans leurs réponses. Par exemple, à la question « que symbolise pour vous la couleur verte? », les filles de première secondaire répondaient le plus souvent la nature et ses éléments contrairement aux étudiantes de quatrième secondaire qui ont eu des réponses plus poussées telles que la jalousie ou l’espoir. Par contre, j’ai remarqué une grande similitude entre les réponses des deux groupes pour les questions reliées à l’association d’une couleur à un thème. En effet, la majorité des couleurs nommées étaient présentes dans les deux activités. Voici quelques exemples : la joie et le bonheur étaient représentés par les couleurs rose et jaune, la tristesse et le désespoir, par le noir, le gris ou le bleu foncé. Cependant, certaines élèves ont eu des choix différents tels que le vert ou le mauve pour le bonheur ou encore le rose pour symboliser la chaleur.

    Si on se penche maintenant sur le raisonnement qui se trouve derrière l’appréciation d’une œuvre, nous pouvons remarquer que peu importe l’âge de la personne, certains éléments reviennent. Par exemple, plusieurs élèves ont mentionné que le choix des couleurs de même que les menus détails et le réalisme attiraient leur attention. Ainsi, la toile représentant la maison de pain d’épice était choisie pour ses couleurs éclatantes alors que celle avec le voilier et le fond marin l’était pour tous les menus détails représentés et le réalisme dans le décor. En regardant maintenant les réponses obtenues chez un plus grand éventail d’âges, j’ai pu remarquer que certains adultes conservaient un regard semblable à celui que pouvaient avoir les élèves du secondaire. Par exemple, la majorité des adultes ont répondu des éléments très littéraux aux premières questions, telles que la nature pour le vert, le ciel pour le bleu, etc. Les plus jeunes (6 et 8 ans) ont également présenté des réponses similaires. Par contre, pour certaines couleurs, tel le blanc, les adultes avaient tendance à élever le niveau de leurs réponses. Par exemple, le blanc représentait la neige et les nuages pour les jeunes alors que les adultes pensaient à une colombe, à la paix et à la pureté. Les autres questions ont obtenu des réponses presque identiques, à celles recueillies lors des activités en classe.

    Conclusion

    La vision artistique, puisqu’elle est unique à chaque personne, peut être utile pour apprendre à découvrir. En comprenant notre façon de voir une œuvre, nous saisissons également, dans un certain sens, comment nous nous comportons avec ceux qui nous entourent. En effet, notre manière d’apprécier est un reflet de notre vie, de notre passé et de nos aspirations. C’est pourquoi elle est aussi unique que l’est chaque individu. L’être humain est une machine extraordinaire, une pièce d’art unique et un livre rempli d’histoires fabuleuses. Encore aujourd’hui, l’homme continue d’émerveiller et d’impressionner par ce qu’il arrive à accomplir. Sur les plans artistique et émotionnel, il arrive à combiner les deux afin de créer un concept formidable : l’appréciation esthétique. Il mélange avec habileté l’art et la personnalité, les couleurs et les sentiments, une toile et une image.

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