Micheline est née à Montréal dans le quartier Côte-des-Neiges. Elle a vécu une enfance heureuse sur les terres ancestrales de la famille Legaré caractérisées par la production de fleurs. Son adolescence s’est déroulée face au bassin de Chambly. Durant cette période, elle a étudié à l’École des beaux-arts de Montréal, où elle a terminé ses études avec une mention spéciale en peinture.
C’est avec un amour inconditionnel qu’elle a élevé sa fille Isabelle. Par la suite, la famille s’installe à Saint-Bruno-de-Montarville en Montérégie. Micheline avait supervisé toutes les étapes de construction de leur maison située rue Cambrai. Elle y a hébergé sa mère, Marguerite, qu’elle aimait profondément.
Suite à son divorce, Micheline et moi nous sommes fréquentés durant plusieurs années, elle résidait alors à Saint-Bruno-de-Montarville et moi à Repentigny. C’est en 1994 que nous avons décidé de vendre nos résidences respectives pour créer notre nid d’amour Rue des Cèdres, à Saint-Bruno. Ce lieu, Micheline le chérira plus particulièrement en compagnie de son chien lors de sa retraite prise en 1997 jusqu’à son départ.
Micheline était courageuse et déterminée. Elle aimait la vie. Son rapport à la maladie et à la souffrance en témoigne. Tisser des liens était au cœur de ses préoccupations. Gardienne de la mémoire familiale des Legaré, elle a sauvegardé pour elle et sa descendance des objets appartenant à ses ancêtres.
Le domaine des arts plastiques était sa passion. Elle a enseigné à l’école primaire De Montarville avant de devenir conseillère pédagogique en arts plastiques à la commission scolaire Mont-Fort. Elle était très appréciée des enseignants et enseignantes pour son implication, ses projets dans les classes et le milieu scolaire. Elle savait développer des relations durables avec ses collègues qui sont devenus au fil du temps des amis fidèles. Le ministère de l’Éducation du Québec a joui de son expertise comme membre du comité consultatif pour le programme et les guides d’arts plastiques de 1981 et comme agente de développement pédagogique en 1983-1984.
Pendant une douzaine d’années, elle s’est engagée comme vice-présidente à l’AQESAP¹ dès 1980, année de la création de celle-ci. L’association a d’ailleurs reconnu son implication en lui remettant sa médaille. Lors de ma présidence de l’AQESAP, de 1986 à 1995, elle fut pour moi un support stimulant et inconditionnel, surtout lors de l’organisation du congrès mondial InSEA² de Montréal en 1993 où elle a été responsable de plusieurs comités.
Micheline était avant tout une artiste dans le cœur et dans l’âme. Tout autour d’elle respiraient sa présence et sa créativité. Elle a participé à plusieurs expositions individuelles et collectives, notamment au Centre d’exposition du Vieux Presbytère de Saint-Bruno-de-Montarville et à la galerie Arts Sutton. Sa démarche créatrice était alimentée par ses nombreux voyages et sa connaissance des jardins. Comment oublier cette exposition où les œuvres représentaient les couleurs des vêtements et les ceintures gravées des Tibétaines à qui elle voulait absolument rendre hommage ? Plusieurs appréciaient ses tableaux, qu’ils soient enseignants à l’université en art, dans les écoles, ou amis; la grande qualité de la pratique artistique de Micheline a été soulignée à quelques reprises. Elle fut notamment lauréate, en 2018, du prix lié au concours en arts visuels de la ville de Saint-Bruno-de-Montarville.
Nous étions amoureux des jardins que nous avons développés d’année en année dans notre environnement. Micheline était rassembleuse : une véritable source d’inspiration créatrice et de motivation pour son entourage. Le projet Dans mon jardin qu’elle a lancé s’inscrit dans cet esprit. Lors de cet évènement annuel, de nombreux amis artistes exposaient et commentaient des œuvres créées durant l’année. Ce projet permettait à Micheline de satisfaire sa passion pour les jardins, issue de son enfance, et de favoriser la créativité de son entourage. Le tout se terminait autour d’une bonne table champêtre où le partage des mets fortifiait notre solidarité amicale.
Micheline aimait aussi collectionner des objets de toutes sortes. Elle était très sensible aux formes, aux couleurs, aux textures et aux matières. Elle possédait une magnifique collection de boutons et avait développé une expertise dans ce domaine. Sa curiosité et son imagination créatrice étaient sans borne. La joaillerie a aussi fait partie de ses passions. Que de temps consacré à la fabrication de dizaines de colliers ! Même son bijoutier a apprécié sa complicité pour réaliser des bagues qu’elle avait dessinées. Elle a même découvert, avec fierté et sentiment de continuité, qu’un de ses ancêtres, Gilles Légaré, était orfèvre du roi Louis XlV. Bonne lectrice, elle affectionnait tout particulièrement les livres traitant des bijoux à travers l’histoire.
Au début de sa maladie, Micheline s’est lancé le défi de créer, une fois par mois, un dessin au graphite rappelant son dernier voyage en Écosse et de les partager avec ses amis. Chaque dessin était accompagné d’un texte poétique qu’elle avait composé. Son objectif était de maintenir et de préserver solidement ses liens avec ses amis intimes, malgré sa nouvelle condition. Beaucoup d’animaux étaient représentés formant un merveilleux bestiaire ! Dernièrement, elle dessinait une nouvelle série de dessins inspirée des malformations des arbres. Quel souvenir de courage, de ténacité et de résilience !
Micheline fut une compagne de vie admirable, une perle rare. Femme libre, volontaire, indépendante, aimante et fondamentalement créatrice.
Notes
Comme nous venons de le lire, la vie et la carrière de Micheline Legaré ont été d’une grande richesse, jalonnées de moments charnières liés à ses multiples passions et engagements. Une image valant mille mots, et puisqu’un article à lui seul ne peut rendre justice à sa précieuse contribution, tant en art qu’en éducation artistique, nous y avons ajouté des liens hypertextes (travail qui sera complété dans les prochaines semaines: restez à l’affut!).
Au diapason du Web 3.0 et à ses parcours non linéaires, ces hyperliens conduisent à des images, des textes, des articles de journaux, et d’autres documents liés à la carrière de Micheline Legaré. Ils ont été rassemblés sous différents titres thématiques : de Micheline l’artiste à Micheline la voyageuse, en passant par « la collectionneuse ». En les parcourant, le lectorat de Vision aura l’occasion de découvrir plus en profondeur les différentes facettes de sa personnalité, les rôles qu’elle a joués, ses œuvres, ses expositions, ses sujets de prédilection ainsi que l’impact si positif qu’elle a eu sur la communauté.