Être de son (leur) temps
Nouvelles approches et inspirations en enseignement des arts
par Marie-Pier Viens
Marie-Pier Viens
Enseignante en arts plastiques et multimédia au Collège Sainte-Anne de Lachine
Biographie
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Il y a quelques années, j’ai souhaité apprendre à crocheter pour un projet universitaire. Puisque aucune personne dans mon entourage ne pratiquait cet artisanat, je suis allée chercher de l’aide sur Youtube en écrivant dans le navigateur de recherche le mot « crochet ». J’ai trouvé des tutoriels et j’ai fait de mon mieux. Mais en crochetant dans les espaces publics comme le métro ou le parc, j’ai attiré l’attention de dames adeptes du crochet, qui m’ont interpelée et donné des conseils. Certaines prenaient mon travail et me montraient comment faire des mailles plus régulières, moins serrées. Certaines me demandait la raison de mon intérêt pour cet artisanat ou me questionnaient sur mon projet universitaire.Les échanges avec ces femmes dont je ne connaissais rien auparavant m’a permis de découvrir le plaisir de partager et d’apprendre grâce aux gens qui m’entourent.
Au début de 2013, j’ai souhaité faire vivre une expérience semblable à mes élèves de 3e secondaire. En faisant des recherches, j’ai découvert deux mouvements qui m’ont inspirée un projet original intitulé « Fais-le donc toi-même ! », soit l’Art relationnel et le Do it yourself.
L’Art relationnel
Plusieurs artistes se sont intéressés à la relation qui peut se créer entre eux et le spectateur lors de la confection ou la présentation d’une œuvre. Quelques génies de ce mouvement m’ont particulièrement marquée, dont Michael Swaine et son projet « Mending for the People » et Harell Fletcher avec « Learning to Love You More ». Ces projets sont principalement basés sur le partage entre individu et la relation qui en résulte. Alors que dans le premier cas l’artiste est celui qui fait l’action de créer quelque chose, le second artiste demande la participation créatrice des spectateurs qui deviennent des acteurs.
Le Mouvement Do it yourself
Le DIY est le nom donné aux méthodes de conception, fabrication ou réparation d’objets sans avoir recours à des experts. Ce terme a été utilisé dès la première Guerre mondiale, alors que les individus recyclaient certains matériaux pour les transformer en objets usuels. Le terme est aussi utilisé en musique, en artisanat et en rénovation. Depuis quelques années, le DIY prend une ampleur phénoménale sur le net grâce à Youtube, au média social Pinterest et aux multiples blogues qui partagent des tutoriels.
« Fais-le donc toi-même ! », le projet
Je souhaitais faire vivre à mes élèves une situation d’apprentissage dont ils étaient complètement les maîtres et dont le but premier était de créer un échange de compétences avec la communauté. Pour ce faire, ils devaient se questionner par rapport au type de projet qui leur tenaient particulièrement à cœur et qu’ils seraient fiers de dévoiler à leur entourage. Les élèves devaient donc s’inspirer de projets trouvés sur le web ou à l’aide de Pinterest afin d’inventer le leur; ils étaient libres de créer des projets artistiques ou multimédias, des objets d’artisanat ou du design d’objet usuel.
Les élèves ont donc réalisé leurs différents projets en gardant en tête qu’ils devraient partager à leur manière les connaissances acquises lors de la confection. Quelques-uns ont créé des vidéos explicatives qu’ils plaçaient ensuite sur un blogue personnel, d’autres ont créé un blogue dans lequel ils décrivaient et imageaient chacune des étapes qu’ils avaient suivies. L’apparence des sites, la façon de gérer le contenu ainsi que les conceptions DIY elles-mêmes étaient aussi variées et originales que les élèves pouvaient l’être. À la fin de ce projet, les élèves présentaient à la classe l’objet qu’ils avaient réalisé ainsi que le site sur lequel ils diffusaient leur expérience. Plusieurs élèves ont su impressionner leurs camarades par la réalisation d’objets très particuliers, par leur passion discrète pour certains sujets, ou même par une expertise impressionnante jusqu’alors jamais dévoilée. Ils ont d’ailleurs mentionné être allés chercher de l’aide, soit dans la communauté web, chez les internautes passionnés par le même sujet, ou dans leur entourage rapproché, chez des parents et amis. Tout au long de leur parcours, ils ont de ce fait mis sur pied une communauté plus ou moins grande de partage qui les a soutenus et encouragés.
Si j’ai mentionné ce mot à plusieurs reprises, c’est qu’il désigne une source d’inspiration personnelle inépuisable. Plus qu’un site où il fait bon s’approvisionner en idées de tout genre, il est aussi un outil particulièrement pratique lorsque vient le temps de faire faire des recherches à nos élèves.
Que vous ayez demandé aux élèves de trouver des images sur le web en devoir ou en classe, la recherche d’inspiration est indispensable à la construction des idées en arts plastiques. Dans le but de trouver des œuvres d’art d’un autre temps ou des nouvelles pratiques de la culture populaire, Internet est une ressource indéniablement utile. Mais comment gérer et organiser toutes les sources d’inspiration et d’information? Pinterest est un média social qui permet de classer les trouvailles personnelles pour qu’elles soient ainsi facilement accessibles au moment où le besoin est présent. De plus, il permet à ses utilisateurs de naviguer sur les tableaux d’autres personnes intéressées par les mêmes sujets. Il s’en suit une communauté d’échange et d’apprentissage particulièrement dynamique, c’est pourquoi j’ai intégré ce média social à mon enseignement depuis 2012. Il est possible de le faire avec les élèves du niveau secondaire, à partir de l’âge de 13 ans. Mes élèves de 2e, 3e et 4e secondaire ont maintenant tous un compte Pinterest et un tableau qu’ils intitulent « Inspirations en Arts Plastiques » qu’ils remplissent au gré des projets. Lorsque je demande de trouver des motifs, par exemple, ils trouvent une panoplie de sites qui nourrissent des projets de plus en plus créatifs.
Afin de vous familiariser avec ce très efficace outil, je vous conseille de «zieuter» les tableaux d’enseignants, professeurs et conseillers québécois en arts plastiques, particulièrrement ceux d’Amélie Bernard, Juan Castro, EM Ledo et Miss Viens.
Petite liste de liens utiles :
Projet de Harrel Fletcher « Learning to Love You More » learningtoloveyoumore.com/
Projet de Michael Swaine « Mending for the People » : goo.gl/dxBRE3
Site web rempli d’idées DIY : http://www.instructables.com/
Exemples de projets d’élèves : http://madameviens.blogspot.ca/
Tableaux Pinterest
AQÉSAP : goo.gl/h4QSdP
Amélie Bernard : goo.gl/k0u5R3
EM Ledo : goo.gl/QIHIRm
Juan Castro : goo.gl/a65Jqj
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