Laurianne Clermont
Finissante au Baccalauréat en enseignement des arts plastiques
Biographie
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La bourse Monique-Brière, nommée en l’honneur d’une pionnière de l’éducation artistique, vise à reconnaître l’engagement pédagogique des finissants au baccalauréat en enseignement des arts plastiques.
Récipiendaire : Laurianne Clermont, Université du Québec à Montréal
Lieu de stage : École secondaire des Patriotes
Enseignant formateur : Line Simard
Superviseur de stage : Suzanne Blouin
Pour la présente édition de la bourse Monique-Brière, nous avons eu le plaisir de découvrir le projet de stage de Laurianne Clermont, projet ancré dans une problématique très actuelle, celle de l’aspect éthique de la mode en lien avec notre société de consommation. Réalisé auprès d’une clientèle de 2e cycle du secondaire, le projet Mode éthique – Mode esthétique a su toucher les élèves du cours d’art, filles et garçons.
Quand la mode se met en mode éthique…
Pour ceux qui ne le savent pas encore, le monde des arts textiles contemporains ne se résume plus exclusivement à la confection de supports à plantes en macramé et de pantoufles en phentex. Il s’agit dorénavant d’un univers foisonnant investi par une quantité d’artistes et d’artisans contemporains. Cultivant moi-même une démarche s’articulant autour du travail de la fibre, j’avais conscience de l’immense potentiel de ces approches en enseignement des arts plastiques. Lors de chacun de mes stages, j’ai eu l’opportunité de mener à bien une situation d’apprentissage où les élèves étaient invités à investir la matière textile. Il ne faut surtout pas se rallier aux idées convenues voulant que les arts de la fibre appartiennent à une autre époque ou sont l’apanage exclusif de la gent féminine. Les élèves, puisqu’ils n’ont généralement pas été en contact avec les arts textiles, n’entretiennent pas de préjugés à l’égard de leur pratique et se lancent avec grand intérêt dans les projets qui s’y rapportent. Certains de mes plus fervents «tricoteux» étaient d’ailleurs des gars de 16-17 ans!
J’ose espérer que chaque enseignant véhicule un message transcendant ses barèmes disciplinaires. La majorité de mes projets s’intéressent aux questions liées à la justice sociale, au respect de l’environnement et au développement du jugement critique. Toutefois, afin d’éviter de m’enliser au sein d’un rebutant discours moralisateur, j’essaie d’aborder ces questions par le biais de problématiques simples et très ciblées. Dans le cas présent, j’ai choisi de m’attarder à la mode vestimentaire. Les jeunes représentent la clientèle de prédilection de cette industrie gargantuesque et superficielle. Le vêtement demeure, par ailleurs, un formidable véhicule d’expression identitaire.
Ainsi, le projet débuta par un débat animé gravitant autour de questions liées au rôle du vêtement dans le monde contemporain, à nos habitudes de consommation et aux impacts de cette industrie sur les ouvriers du textile et l’environnement. Les élèves convinrent que notre propension à la boulimie vestimentaire relevait quasiment de la pathologie culturelle! Plusieurs pistes de solution furent discutées et j’avançai que la mode éthique pourrait en faire partie. Je présentai donc le travail de plusieurs designers québécois prônant la récupération, et les élèves s’engagèrent à s’inspirer de ces démarches pour réaliser un vêtement personnalisé en matières récupérées.
Suite à quelques exercices préalables, la classe d’arts se mua rapidement en atelier grouillant : les tables de coupe avoisinaient les bassins de teinture, alors qu’un groupe d’élèves s’affairait à dessiner un patron sur le plancher ou à épingler un vieux rideau à un mannequin. Chacun avait choisi un vêtement délaissé au fond de sa garde-robe afin de lui offrir une seconde vie. Ces vieilles guenilles étaient ragaillardies et méconnaissables quelques semaines plus tard! Des jeunes de 5e secondaire, deux garçons et trois filles, décidèrent même de participer au concours Je m’emballe autrement, organisé par Environnement jeunesse, qui vise à réaliser la confection d’un habit ou d’une robe de bal des finissants en matières récupérées.
L’aventure se solda par une grande exposition au café étudiant de l’école. Les élèves n’étaient pas peu fiers de voir leurs réalisations présentées à leurs pairs. Les manifestations culturelles n’étant pas très courantes au sein du milieu où j’ai réalisé ce stage, je tenais absolument à ce que les élèves m’accompagnent dans les préparatifs et vivent pleinement cette expérience. Par ailleurs, en juin dernier, les finissants du concours Je m’emballe autrement participèrent à un défilé professionnel à la Biosphère de Montréal et c’est un des nôtres, Ghislain Awesso, qui remporta le premier prix, vêtu d’un costume réalisé à partir d’une nappe et présentant de multiples références culturelles. Quelle conclusion formidable et quelle récompense pour un investissement de plusieurs mois de travail!
Évidemment, la réalisation d’un tel projet représente un investissement d’énergie considérable, autant de la part de l’enseignant(e) que des élèves (et, dans mon cas, d’une maître associée exceptionnelle). Pourtant, l’enthousiasme des jeunes et, ô rarissime instant de plénitude, le sentiment d’avoir, en tant que pédagogue, fait une différence et contribué à la germination d’un embryon de changement, compense largement les moments de découragement sporadiques…
Plus d’info sur Je m’emballe autrement : http://enjeu.qc.ca/-Je-m-emBALle-autrement-.html
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