POUR UNE DIDACTIQUE DES ARTS MÉDIATIQUES AU SECONDAIRE
Christine Larocque
Ph.d.
Biographie
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L’accélération technologique a tendance à inhiber certains enseignants d’arts plastiques qui ont à assumer l’enseignement des arts médiatiques et pour lequel ces derniers manquent de modèle. Dans le cadre de ma recherche doctorale, j’ai développé un modèle didactique qui propose un savoir permettant de comprendre les arts médiatiques et d’établir un pont avec l’enseignement des arts plastiques. Le développement de mon modèle a tiré parti à la fois de la littérature, de mon expérience en enseignement des arts et de mon expérience de création en arts médiatiques.
En ce qui a trait aux savoirs théoriques concernant la didactique, je me suis inspirée de l’action didactique, qui selon De Corte (1996), est une méthodologie de l’enseignement visant l’optimisation de l’apprentissage de l’élève guidé par l’enseignement du professeur. En ce qui a trait aux savoirs théoriques concernant les arts médiatiques, selon Poissant (1997), les arts médiatiques comprennent des formes d’art utilisant les technologies où l’intérêt s’est déplacé du produit vers le processus, les échanges et les partenaires. La technologie est ainsi détournée de son usage habituel pour servir à la production d’oeuvres d’art sollicitant les sens, le mouvement et l’interactivité.
Je présente mon modèle didactique à travers les composantes structurelles, fonctionnelles ainsi que la tendance évolutive de composantes. Les composantes structurelles comportent cinq catégories: humaines, sociales, conceptuelles, matérielles et spatio-temporelles. Dans les composantes humaines, on retrouve l’enseignant qui est une personne adulte formée à l’enseignement des arts plastiques et pas nécessairement à l’enseignement des arts médiatiques. On retrouve également l’élève qui est une personne adolescente appréciant travailler avec la technologie et stimulée par la nouveauté. Dans les composantes sociales, on retrouve le groupe-classe qui est un ensemble d’élèves réunis pour le cours d’arts plastiques. On retrouve également l’équipe de travail qui est un regroupement de trois ou quatre élèves qui se partagent le matériel et certains projets collectifs. Finalement, on retrouve la personne-ressource qui est un conseiller qui supporte technologiquement l’enseignant dans le cadre de projets. Dans les composantes conceptuelles, on retrouve le langage des arts médiatiques qui m’amène à en poser la spécificité et à le différencier des arts plastiques: par exemple, le copier-coller qui est plutôt banni en arts plastiques et qui est pratique courante en arts médiatiques. On retrouve également le programme d’études du Ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport qui est présenté comme un repère pour l’enseignant amenant l’élève à vivre des projets de création et à développer des compétences. Dans les composantes matérielles, on retrouve le matériel didactique et technique qui comprend les matériaux et les outils nécessaires aux projets d’arts médiatiques tels que des supports pédagogiques et des appareils numériques. Dans les composantes spatio-temporelles, on retrouve l’espace de la classe d’arts médiatiques qui est constitué de lieux suffisamment polyvalents pour répondre à un ensemble de besoins. Finalement, on retrouve le temps de la classe d’arts médiatiques qui demande une organisation souple pour l’appropriation technique d’outils technologiques qui prend plus de temps qu’en arts plastiques à cause des nombreuses manipulations et résolutions de bogues informatiques.
Les composantes fonctionnelles comprennent trois catégories: la création en arts médiatiques, les fonctionnements liés à l’enseignant et les fonctionnements liés à l’élève. Premièrement, au sujet de la création en arts médiatiques, des artistes se sont appropriés l’ordinateur à des fins de création au moyen de procédés tels que l’infographie, l’animation 2D/3D, la vidéo d’art, le multimédia, les arts évolutifs, les arts interactifs et les arts du virtuel. J’ai signalé des oeuvres d’arts médiatiques pouvant inspirer des projets et des discussions avec les élèves. Deuxièmement, les fonctionnements de l’enseignement sont des actions posées pour amener l’élève à réaliser des images au moyen de technologie. Dans un premier temps, l’enseignant planifie les activités, la proposition de création, le matériel, le budget, le temps et les stratégies pour aider l’élève. Il porte également attention à son propre niveau technologique. Dans un deuxième temps, l’enseignant interagit avec l’élève et l’aide à élucider certains problèmes en l’impliquant comme partenaire technologique sans toutefois intervenir directement dans les réalisations. Il décide avec l’élève de solutions à retenir lors de bogues technologiques. Troisièmement, les fonctionnements de l’élève sont des actions posées au début, pendant et en fin de projet. Dans un premier temps, l’élève explore des idées inspiratrices qu’il consigne dans un carnet. Dans un deuxième temps, il effectue des exercices de base techniques tels que l’appropriation de logiciels. Dans un troisième temps, en coopérant, il concrétise son idée en créant une image à l’aide de matériel technologique. Finalement, dans un quatrième temps, ayant complété son image, il est prêt à la montrer et à questionner le sens de cette réalisation.
Concernant la tendance évolutive de composantes, à propos des arts médiatiques, j’ai effectué un survol historique allant de l’apparition de la photographie aux biotechnologies en passant par la cybernétique, la robotique et la réalité virtuelle. À propos de l’enseignement des arts médiatiques au Québec, l’évolution technologique a influencé l’introduction des arts médiatiques dans les écoles. Il n’y a pas si longtemps, les enseignants ont commencé à s’y intéresser en même temps que leurs élèves. À propos du travail de l’enseignant et de l’élève, l’apparition continuelle de nouveaux logiciels rend la mise à jour des connaissances technologiques essentielle. À propos des projets et du matériel, la complexification des tâches est liée à l’évolution des projets et à l’utilisation de technologies de plus en plus complexes.
En conclusion, l’enseignement des arts médiatiques met en interaction un enseignant avec des élèves autour de l’action de créer à l’aide de moyens technologiques. L’enseignant d’arts médiatiques tire avantage à se mettre dans une dynamique de création inspirant des idées de projets à enseigner. Il est invité à identifier les technologies qui l’attirent et à faire des choix favorisant une aisance pour mener des projets d’arts médiatiques. La technologie change rapidement et nécessite la mise à jour des connaissances. Même si certains éléments de langage sont communs aux arts plastiques et aux arts médiatiques, d’autres diffèrent tels que le son, le mouvement, l’interactivité, la durée, le réseau et le fragment. Enfin, les projets d’arts médiatiques sont davantage sociaux et impliquent une approche plus collaborative qu’en arts plastiques. En terminant, je précise que j’ai voulu contribuer à rendre aux enseignants d’arts plastiques une plus grande part de liberté en arts médiatiques. Comme une proposition de création, mon modèle didactique se veut très ouvert et j’invite les enseignants à le transcender.
De Corte, E., T. Geerligs, J. Peters, N. Lagerweij et R. Vandenberghe. (1996). Les fondements de l’action didactique. Bruxelles: De Boeck.
Poissant, L. (dir.). (1997). Dictionnaire des arts médiatiques. Sainte-Foy: Presses de l’Université du Québec.
Pour consulter ma thèse en ligne: www.archipel.uqam.ca
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