Spring Break 2018
Dans la très courue semaine des arts de New York, un événement se démarque d’entre tous: le Spring Break Art Show 2018, qui a lieu aux 22e et 23e étage d’un immeuble en rénovation de Times Square.
Spring Break est un événement alternatif. À vrai dire, c’est une bête à part: artistes et commissaires conjuguent avec un environnement très atypique, celui des immeubles à étages en partie abandonnés et en partie en friche. Ceux-ci sont investis un peu de la même manière que les kiosque dans une foire d’art, les bureaux formant des espaces pour chacun des commissaires-artistes.
Cette approche originale questionne l’approche muséale, et de ce fait la complète. Ce type de contraintes amène les artistes et les commissaires à faire preuve d’ingéniosité pour investir le lieu qui lui est attribué. Chaque participant aménage son espace d’exposition à sa façon et adapte son travail au lieu. L’aspect in situ est très rafraîchissant pour les habitués d’événements d’art, ce qui contribue au climat agréable et convivial.
Cette approche n’est évidemment pas accidentelle: elle cherche à mettre en valeur les différentes parties concernées, les approches des commissaires et les démarches des artistes. Ce n’est que de manière accessoire que nous voyons les aspects mercantiles surgir de temps à autre. Du point de vue d’un enseignant en arts, cet approche est plus intéressante, car elle met en valeur le cheminement plutôt que la posture du galeriste. Ce contrepoint est d’autant plus évident que c’est d’une opération de séduction dont il s’agit, car ce sont les artistes et les choix des commissaires qui sont mis en lumière, alors que dans les autres événements de la semaine des arts, c’est davantage le marché de l’art qui fait figure prépondérante.
Ici l’ambiance générale tient de la fête foraine, ce qui contraste avec les autre foires car le lieu n’est pas complètement adapté pour l’événement: certains endroits sont exigus et quelques problèmes de circulation se posent.
Afin de mieux saisir l’esprit de l’événement nous avons arrêté notre choix sur deux artistes dont le travail est assez représentatif de ce qu’on peut y retrouver:
Jeffrey Bebee est un artiste étasunien né en Indianapolis qui travaille et enseigne à New York. Sa grande maîtrise de l’illustration à partir du médium de l’aquarelle lui a permis de créer le monde de Refractoria : univers qui allie fantaisie pure et récit autobiographique.
Nous avons été frappés par sa technique parfaite de l’illustration faisant référence à l’esthétique des illustrations scientifiques des années 50, à la cartographie et aux jaquettes de romans de science-fiction rétros. Son œuvre est justement la carte topographique de son monde imaginaire jalonnée de scènes surréalistes où des créatures étranges dialoguent à l’aide de phylactères.
Le travail de Jonathan Rosen, Double life, parait simple à première vue, mais témoigne d’une grande recherche esthétique: des tableaux rétro-éclairés composés d’images diverses qui interagissent avec une application sur tablette faisant apparaître des messages provenant des réseaux sociaux en temps réel. De grands titres occupent le centre des images tel que “I WANT THE TRUTH, I WANT A SECOND LIFE”. Cette idée du désir brut, en avant plan, prenant toute la place, démontre un inassouvissement et une insatisfaction découlant de l’utilisation des réseaux sociaux.
En tant qu’enseignant en art il est très intéressant et enrichissant de visiter ces événements, car ceux-ci amènent un regard nouveau et une ouverture différente sur le monde des arts, en marge de la proposition mercantile des galeristes et de la définition idéalisée du monde muséal. L’exploitation de lieux atypiques aide en même temps à entrevoir différentes possibilités d’exposition dans nos milieux scolaires.
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