PORTRAITS HOLOGRAPHIQUES COMME EXUTOIRE

par Véronique Perron et Ethel Laurendeau

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Véronique Perron et Ethel Laurendeau

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    En raison de la période trouble de la pandémie de COVID-19, le quotidien des jeunes fréquentant le milieu scolaire québécois a beaucoup changé, et ces élèves, des plus petits aux plus grands, ont dû s’adapter à cette nouvelle réalité. L’œuvre dont nous ferons état dans cet article, produite en 2021, traite des effets des mesures sanitaires imposées dans le quotidien des jeunes. De forme multidisciplinaire et collective, la création de l’œuvre a donné la parole aux enfants et aux adolescents de la communauté de la Coopérative Au pied du courant, qui a pour mandat d’offrir un logement abordable à des familles du quartier Centre-Sud. Le projet de création artistique, conduit dans ce quartier défavorisé de Montréal, s’appuie sur une posture documentaire, car il recourt à la diffusion, sous forme d’hologrammes, de témoignages d’enfants et d’adolescents. Le partenariat établi avec la communauté de cette coopérative a instauré et entretenu un dialogue avec de jeunes participants âgés de sept et seize ans sur leur vie quotidienne.

    Le résultat final est constitué de projections révélant le sentiment d’isolement relié aux bulles familiales et scolaires résultant des restrictions sanitaires gouvernementales. Les hologrammes, élaborés à l’aide de tablettes iPad, ont pris forme grâce à un dispositif composé de pyramides en plexiglas et de miroirs. Dans la salle commune de la coopérative, les hologrammes des enfants ont été projetés et accompagnés d’un montage sonore élaboré à partir d’extraits de leurs récits.

    Sur le plan des étapes de réalisation, la démarche de création proposée aux jeunes a débuté par une discussion dans laquelle ils ont non seulement pu exprimer leur ressenti par rapport à cet enjeu social au caractère « extraordinaire », mais ont également pu poser un regard positif sur les répercussions mentales et physiques liées au confinement. Les discussions qui ont eu lieu ont été enregistrées dans le but de créer un paysage sonore commun pour accompagner les créations holographiques. De plus, et en réponse aux échanges, les jeunes ont confectionné des cartes conceptuelles afin de mettre en images leurs propos.Ces cartes heuristiques leur ont fait davantage prendre conscience de leur manière de s’exprimer à travers leur hologramme. Dans le cadre de ce travail exploratoire, ils ont choisi de traduire leurs impressions en puisant dans leurs intérêts personnels tels le chant, le ukulélé et la danse.

    Comme source d’inspiration, nous avons visionné ensemble La dissolution de Lady Macbeth de Michel Lemieux (2019). En plus de nous plonger dans l’univers intimiste des protagonistes et de nous amener à percevoir la fragilité humaine, la pertinence de cette présentation repose sur son emploi de la technique du « fantôme de Pepper » employée lors de la conception du dispositif holographique. Dans le cadre de cette technique, une plaque semi-réfléchissante (faite de verre métallisé ou de film plastique) et des procédés techniques d’éclairages particuliers sont utilisés.  La technique du « fantôme de Pepper permet de faire croire que des objets apparaissent, disparaissent ou deviennent transparents aux yeux du spectateur ou qu’un objet se transforme en un autre.  Lors de la seconde phase de création, les jeunes ont fabriqué les pyramides de plexiglas destinées à la projection de leur séquence. Ils ont ensuite procédé au tournage et au montage des vidéos et de la bande sonore.

    Cette œuvre collaborative, où sont suspendus des portraits dans leurs espaces réservés, évoque autant le cloisonnement physique qu’un accès privilégié à l’intimité de chacun des jeunes participants. En plus de contribuer au développement de compétences numériques innovantes, ce projet multidisciplinaire allie le travail à l’ordinateur à la mise en action du corps. L’expérience de création vécue par les jeunes a été d’une grande signifiance pour eux, car en plus de leur avoir servi d’exutoire, en leur permettant d’extérioriser leur anxiété relativement à la crise, ils ont pris conscience de certains avantages que ce mode de vie a générés. Pour terminer, mentionnons que l’œuvre collective a été diffusée en mai 2021 lors d’un événement spécial à la coopérative où les jeunes créateurs ont montré leur travail à l’ensemble de la communauté. L’œuvre a également été présentée à l’UQAM en juin dernier.

    crédits photographiques : Éthel Laurendeau


    Citer cet article :
    Perron, V. et Laurendeau, É. (2022). Portraits holographiques comme exutoire. Vision (revue de l’Association québécoise des enseignantes et enseignants spécialisés en arts plastiques ) nº 82, juin.
    Tous droits réservés © AQESAP

     

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