MU À LA CSDM

La polyvalente Pierre-Dupuy en action

par Élyse Mathieu

riopelle
EcoleBranchee_pour_AQESAP
revue-vision-publicite-brault-et-bouthillier
bannière SMQ pour le site de Vision

Élyse Mathieu

Conseillère pédagogique en arts plastiques Commission scolaire de Montréal (CSDM)

Biographie

Autres publications de cet auteur

En 2010, l’organisme d’art mural montréalais, MU, proposait à la Commission scolaire de Montréal de développer, en partenariat avec des écoles ciblées par cette dernière, un programme d’art public auprès des élèves de cinquième secondaire. À sa seconde année d’activité, le projet « Laisse ta trace » (ou LTT comme l’appelle communément ses participants!) a impliqué directement près de quarante élèves et a contribué à améliorer le milieu de vie de milliers d’autres. Le projet s’est déployé pour une deuxième année consécutive dans les écoles Pierre-Dupuy et Louis-Joseph-Papineau.

Dès le départ, la vision de MU était novatrice: on souhaitait que LTT devienne un programme d’art mural offert dans le cadre des activités parascolaires, au même titre que les nombreux comités de finissants. Ainsi, LTT permettait aux intéressés de laisser un legs à leur école secondaire par un projet d’art public, l’aboutissement de ces interventions étant la réalisation d’une murale collective dans un espace tel que la cafétéria, l’espace casiers, etc. Un aspect innovateur du projet était le recours à l’approche orientante, via  l’opportunité offerte aux élèves de découvrir des métiers liés aux arts visuels par le biais des rencontres ludiques et privilégiées avec de nombreux créateurs ou travailleurs culturels. Sous la supervision d’un artiste-médiateur compétent, les participants concentraient leurs efforts ainsi que leur créativité à des activités d’exploration créatrice et technique, des projets individuels et collectifs, de même qu’à un processus d’embellissement de leur environnement immédiat. Le tout se déroulait dans une atmosphère de confiance, hors classe, où les participants se sentaient en sécurité pour s’exprimer, étaient valorisés dans leur amour envers les arts visuels tout en affirmant leur sentiment d’appartenance à leur école.

Cette vision a rapidement été bonifiée par le travail collaboratif avec la conseillère pédagogique en arts, Élyse Mathieu, et secondé par les équipes-écoles. L’accompagnement offert par madame Mathieu a permis d’établir les conditions gagnantes d’un tel projet. De plus, sa collaboration fut nécessaire afin d’établir des corrélations entre les objectifs du programme LTT, ainsi que ceux des différents programmes et politiques, notamment le plan Réussir de la CSDM, de même que sa politique Culturelle et linguistique. En effet, l’amélioration du sentiment d’appartenance et l’accroissement des liens avec les organismes culturels ont été plus que pertinents dans le cadre de ce projet.

Concrètement, qu’est-ce que « Laisse ta trace » ? C’est un programme de quatre mois où des élèves de la cinquième secondaire sont sollicités durant les cours d’art prioritairement, mais aussi dans le cadre d’autres cours. Pourquoi ? Pour s’assurer que tous aient la chance d’y  participer et d’y contribuer. Ainsi, une série de trois ateliers sont offerts durant les heures de classe: une présentation globale du projet, une séance sur l’histoire de l’art mural et un moment de tempête d’idées, afin que la murale finale soit imprégnée d’un message qui ressemble aux finissants et que tous sentent que la trace laissée les concerne. Dans un deuxième temps, ceux qui ont envie d’aller de réaliser la murale, d’aller plus loin dans l’expérimentation, l’expression de soi et la découverte de métiers sont invités à joindre le groupe LTT, qui se rencontre hebdomadairement dans un cadre parascolaire.

Les élèves ont alors le privilège de poursuivre leur apprentissage sur l’histoire de l’art mural, de réaliser une casquette au « airbrush », de réaliser un autoportrait en pochoir, de dessiner une murale collective, de participer à une tournée des murales, de créer une vidéo d’animation en « stop-motion », de concevoir la murale et de la réaliser, etc. À travers ces expérimentations, ils rencontrent différents artistes professionnels vivant de leur art : illustratrice, artiste graffiti, muraliste, photographe, médiateur culturel, travailleuse culturelle, concepteur de jeux vidéo, etc.

Les multiples témoignages, tant du côté des élèves que de l’équipe-école, révèlent l’impact positif et la magie qui s’opèrent sur les participants. Une élève a témoigné avoir été estomaquée de découvrir la possibilité de vivre du métier de photographe; pour d’autres, ce fut la confirmation de leur désir de poursuivre des études en photographie ou en dessin 2D au CÉGEP. Pour l’un, l’idée de montrer sa propre bande-dessinée a jailli et il a fait preuve d’une nouvelle ouverture aux commentaires des autres. Un suivi rigoureux a aussi montré un effet encourageant sur la persévérance scolaire, alors que des élèves avec un haut taux d’absentéisme revenaient à l’école pour être présents lors des journées LTT. Nombreux sont les élèves qui ont exprimé à quel point LTT avait fait une différence dans leur année et comment les ateliers leur avait permis d’être bien dans leur école, de s’y sentir non plus marginalisés par leur amour des arts, mais plutôt valorisés face à eux-mêmes et à leurs collègues.

Les équipes-écoles ont aussi attesté de l’effet transformateur sur leurs élèves. Elles ont découvert soudainement des élèves ouverts, engagés, plus réceptifs aux demandes pédagogiques faites en classe. Plus spécifiquement en ce qui concerne les arts plastiques, le rôle crucial que joue l’enseignant en arts dans la mobilisation des élèves, mais aussi lors de sa présence à certains ateliers, a permis de développer un rapport différent avec ceux-ci. Une enseignante exprimait avoir vu une hausse considérable dans la capacité des participants à exposer leur appréciation des œuvres d’art, mais aussi dans leur aptitude à exprimer leur créativité. Enfin, pour plusieurs, c’était le projet nécessaire pour terminer cette année charnière avant d’entrer dans le monde adulte avec plus de confiance en leur potentiel.

Ce projet inventif fut réalisé d’abord comme projet-pilote à l’école Pierre-Dupuy. Cette école, en plein quartier défavorisé à l’ombre du Pont-Jacques-Cartier, déploie énormément d’énergie et d’efforts à établir un plan d’activités qui permet aux élèves de persévérer. La direction de cette école possède un leadership positif et une foi envers les bienfaits de la pratique artistique, rendant du coup possible l’éclosion et la mise en place de projets novateurs en arts. En plus des cours offerts à l’horaire, la direction de l’école a mis en place une pléiade d’activités parascolaires diversifiées afin de garder ses élèves dans l’école. La cohérence des actions investies depuis cinq ans apporte aujourd’hui des bénéfices qui se mesurent déjà et qui ont renversé la mauvaise réputation dont cette école était affligée depuis de nombreuses années. Dans l’optique de développer un espace rassembleur où sera promu la diversité culturelle, la deuxième murale de l’école Pierre-Dupuy sera inaugurée lors de la Semaine interculturelle qui se tiendra à la mi-avril. Comme le disait dernièrement la direction de cette école: « Les élèves persévèrent, mais ce n’est quand même pas facile. On ne sait jamais pendant l’année s’ils vont se rendre au bout; LTT donne la stimulation, l’épanouissement nécessaire pour finir son secondaire en beauté et dans la joie. »

Un autre élément de LTT est l’impact plus large sur l’ensemble de l’école. Outre la participation directe des équipes de soutien au projet (oui, les surveillants ont donné des coups de pinceaux avec les élèves !), un travail de collaboration a été amorcé avec les équipes d’orientation scolaire afin de les sensibiliser à l’importance des métiers en arts visuels en les invitant à produire une documentation spécifique aux professions artistiques. Cette documentation est rendue disponible, entre autres, aux élèves du groupe LTT afin de faciliter leur réflexion face à l’avenir.

 

Laisser un commentaire

Les champs suivis du symbole * sont obligatoires.




AQESAP bandeau publicitaire Revuevision.ca
revue-vision-publicite-brault-et-bouthillier
riopelle
bannière SMQ pour le site de Vision
revue-vision-publicite-aqesap

UNE VISION DE L’ART+

UNE VILLE EN PAPIER À L’ÈRE NUMÉRIQUE

Cathy Jolicoeur et Marie-France Bégis

UNE VISION D'ENSEIGNEMENT

PORTRAITS HOLOGRAPHIQUES COMME EXUTOIRE

Véronique Perron et Ethel Laurendeau

UNE VISION DE COLLABORATION

UNE VILLE EN PAPIER À L’ÈRE NUMÉRIQUE

Cathy Jolicoeur et Marie-France Bégis

UNE VISION QUI SE QUESTIONNE