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par Pierre Pepin

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Pierre Pepin

Professeur assistant invité, Université Bénédictine de Mesa, Arizona, médaillé de l’AQESAP

Biographie

Autres publications de cet auteur

Ma pratique professionnelle, qui s’exerce depuis des années tant au Québec qu’aux États-Unis et en Europe, s’oriente vers l’enseignement des arts plastiques. À travers mon enseignement, mes ateliers, mes expérimentations et diverses recherches, j’en suis venu à constater la difficulté des enseignants (et celle, subséquente, des élèves) à intégrer les nouvelles technologies aux activités d’apprentissage en classe. Étant donné le foisonnement des circonstances ayant conduit à cette prise de conscience et au déclenchement du processus de recherche, il importe d’en relater l’évolution et l’impact de manière chronologique.

Les débuts du questionnement

Ma réflexion s’inscrit tout d’abord dans le cadre d’une formation au baccalauréat en communication graphique à l’École des arts visuels de l’Université Laval à Québec, qui s’échelonne de 1968 à 1971. Cette formation est axée sur la communication graphique et sur les techniques prévalant à une époque où le terme «communication» désigne essentiellement ce qui se rapporte au graphisme, aux mass médias et au cinéma. À ce moment-là, les technologies accessibles au grand public étaient de natures électrique et électronique et elles le demeurèrent jusqu’au début des années 1980.

Ainsi, lors de ma première expérience d’enseignement en arts au secondaire à la polyvalente de Charlesbourg (1972 à 1983), je disposais d’un laboratoire traditionnel de graphisme, d’arts plastiques, d’imprimerie et de photographie. Or, au début des années 1980, les commissions scolaires permettent aux enseignants en arts graphiques d’utiliser les ordinateurs Macintosh, conçus entre autres pour le graphisme. Hélas! ces instruments s’avèrent couteux et les écrans couleur, d’un prix quasi inabordable! On utilise alors des écrans noir et blanc. Bref, à ses débuts, l’ordinateur est une perle rare mise à la disposition de l’enseignant en arts plastiques. Au départ, j’ai moi-même éprouvé des difficultés à utiliser l’ordinateur, dont l’apprentissage relève surtout de l’initiative personnelle de l’enseignant. En général, celui-ci est laissé à lui-même sans formation spécifique puisqu’un tel apprentissage commence à peine à se développer. Non seulement est-il ardu d’apprendre à manipuler l’ordinateur mais, en plus, le transfert de l’image sur écran n’est pas chose facile, car il implique une approche mentale différente de son transfert sur papier. Il m’a d’ailleurs été donné de constater, lors de séances de formation offertes au Québec et ailleurs, que cette difficulté d’intégration était présente de façon similaire à travers la planète. On assistait toutefois, à cette époque, à l’émergence d’une prise de conscience de la part de certaines administrations scolaires et de certaines écoles dans les villes et régions qui percevaient déjà les ouvertures potentielles liées à l’utilisation des technologies de l’information et des communications (TICs) en arts plastiques.

C’est à ce moment que j’entrepris de sensibiliser l’école secondaire Les Sentiers à Charlesbourg au fait d’investir dans les technologies, en faisant ainsi une école d’avant-garde en ce qui a trait à l’utilisation des TICs en arts plastiques. L’ordinateur Amiga, peu couteux à l’achat, répondait à ce que je recherchais pour le traitement de l’image noir et blanc et couleur, de l’image 2D/3D et de l’animation. L’école consentit donc à l’achat de cinq Amiga avec écran couleur et d’un Amiga plus performant pour l’animation. Ce mini-laboratoire, adjacent à la classe, me permettait enfin d’apporter certaines notions plastiques et esthétiques aux élèves et de leur faire vivre une nouvelle façon d’explorer l’image de synthèse.

Quatre ans plus tard, en 1984, l’administration était prête à investir à nouveau dans les nouvelles technologies en arts plastiques. Un tel investissement représentait alors un défi de taille et, en même temps, il permettait d’accélérer et de réorienter de façon significative les approches et les stratégies d’enseignement susceptibles d’être mises de l’avant dans les cours d’arts plastiques traditionnels. C’est ainsi que s’est développée, en classe d’arts plastiques auprès d’élèves de 12 à 16 ans, une approche dynamique d’échanges étudiants/enseignant orientée vers le développement d’habiletés informatiques. Tout en assistant mes élèves, j’explorais comme eux, c’est-à-dire par tatonnemens, les possibilités offertes par ce nouvel outil.

Les avancées en matière d’intégration des TICs dans les cours d’arts

Au cours des années 1984-1990 sont parus d’autres modèles d’ordinateurs et une quantité impressionnante de logiciels de dessin et à partir des années 1990, une ère nouvelle s’installe à l’école Les Sentiers. Des ordinateurs plus performants (de type IBM) et moins couteux font leur entrée par la voie du département des sciences, dans le cadre d’un programme d’accès aux technologies développé par le ministère de l’Éducation du Québec (MEQ). Ce projet s’adresse initialement au secteur scientifique mais, à la suite de négociations avec le département des sciences, celui-ci accepte de partager ce programme avec le laboratoire d’arts plastiques. Une alliance de base se forme alors à l’école entre les arts et les sciences, ce qui permettra plus tard à notre laboratoire de prendre de l’expansion. Grâce à l’accès au laboratoire du département des sciences, trente-deux ordinateurs sont mis à la disposition des arts de façon régulière; il est désormais possible d’intégrer complètement l’ensemble du programme des arts plastiques (soit l’approche de la couleur, les notions de dessin, le traitement de l’image en deux et trois dimensions, la photographie, etc.) à l’usage de l’ordinateur. Dans le contexte de l’époque, notre approche est très avancée, unique et, par le fait même, elle provoque un réel engouement de l’administration et des enseignants ainsi qu’une réponse positive des élèves confrontés à cette façon d’intégrer les TICs.

Conséquence directe de cette nouvelle orientation qui se fait de plus en plus prégnante : le cours reçoit une nouvelle désignation plus contemporaine, soit « Arts et technologies ». S’enclenche dès lors une série de projets de toutes sortes. Les élèves participent, par exemple, à divers concours comme la conception d’une affiche. Certaines entreprises à but non lucratif font appel à nous. Ces activités contribuent à pousser plus loin ma réflexion sur ma démarche en tant qu’enseignant et sur l’intégration des TICs sous toutes leurs formes. Ce sont là des expériences qui m’ont permis d’observer sur le vif les difficultés d’apprentissage que représentait leur utilisation en classe.

La formation des enseignants

Plus tard, cette formule de laboratoire élèves/enseignant deviendra aussi un laboratoire de recherche formateur/enseignants, élaboré de manière à répondre aux besoins de formation continue des enseignants provenant à la fois des grands centres et des régions éloignées à travers le Québec..Le laboratoire a aussi été utilisé durant des congrès de l’Association québécoise des éducatrices et éducateurs spécialisés en arts plastiques (AQÉSAP).

Mon expérience en enseignement des arts à l’école secondaire et même que l’aventure du laboratoire arts/ordinateur se poursuit ainsi jusqu’en 1997. Les TICs sont en évolution continue et cela ne simplifie pas les problèmes d’intégration : aussitôt l’apprentissage d’une nouvelle technologie assimilé, une nouvelle difficulté surgit. Ce phénomène d’évolution technologique amène la conséquence que les enseignants craignent  les TICs ou, parfois même, les évitent. D’autres enseignants ont de plus en plus d’engouement pour ces nouveaux outils technologiques. Ils se tournent maintenant vers les possibilités de réaliser des tournages spontanés dans l’école ou à l’extérieur de l’école, d’y incorporer une trame sonore…  Nous sommes entrés, à l’école, dans le monde du cinéma et de l’animation.

Recherches et enseignement aux cycles supérieurs

J’ai entrepris, en 1990, un programme de maîtrise en technologie de l’enseignement au Département de l’éducation de l’Université Laval à Québec. Ce mémoire, intitulé « État de la situation actuelle et description de ce que pourrait être l’intégration du cours des nouvelles technologies en arts visuels au premier cycle à l’université[1] », vise à sensibiliser les enseignants et la direction des établissements au besoin urgent de soutenir les pédagogues dans leur démarche par la création d’outils pédagogiques leur permettant de répondre à l’utilisation des TICs dans leur enseignement au quotidien. Dans ce mémoire, mon objectif était d’éclaircir les aspects du problème dans le but de favoriser l’intégration des TICs par les enseignants au niveau universitaire. J’y présente une série de réflexions sur ce que pourrait être le contenu expérimental d’un cours d’introduction aux nouvelles technologies en arts visuels. Il y est également proposé une démarche pédagogique, des stratégies d’apprentissage et des orientations possibles, lesquelles ont mené au développement d’outils didactiques plus performants pour soutenir le travail des enseignants confrontés à l’intégration des nouvelles technologies.

Dans la foulée de mes recherches, en tant que chargé de cours au département des arts visuels à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), de 1990 à 1994, j’ai mis sur pied et enseigné le cours Introduction des nouvelles technologies en arts visuels. Ce cours combinait l’apport des arts, des sciences et des technologies et explorait la possibilité d’intégrer, comme éléments de support à la création, des technologies et outils scientifiques, tels l’holographie, les filtres polarisants, le laser, les techniques reliées à la physique de la lumière artificielle, etc. Ce cours a aussi sensibilisé l’étudiant du baccalauréat spécialisé en arts aux nouvelles technologies sans modifier pour autant l’orientation de sa discipline artistique, l’encourageant plutôt à intégrer les technologies à sa démarche créatrice et, ce faisant, l’aidant à bénéficier de leur apport.

En 1995, mon directeur de mémoire m’offre de dispenser un cours au département de didactique, psychopédagogie et technologie éducative à la Faculté des sciences de l’éducation à l’Université Laval à Québec. Ce cours, intitulé La visualisation pédagogique, vise à sensibiliser les enseignants de toutes les disciplines et de tous les niveaux à l’importance et à la conception d’un message multimédiatisé à travers des supports visuels et technologiques, intégrant l’écrit, le verbal, le visuel, le sonore et le toucher, tout en appliquant les fondements de la communication. Dans ce contexte, j’explore avec eux des stratégies pédagogiques reliées à l’intégration des médias. Plus particulièrement, ce cours offre l’occasion de réaliser un message multimédia en tenant compte d’une théorie ou d’un concept lié au domaine de la psychologie de l’apprentissage et de la perception. Le contenu du cours couvre divers aspects : le message multimédia en tant que processus dynamique de structuration en rapport avec la technologie éducative, le développement de l’apprentissage, le transfert des connaissances, la communication basée sur des fondements scientifiques connus, les communications verbale, écrite et visuelle, et la sémiologie. Bref, on examine si le contenant et le contenu choisis par l’étudiant enseignant sont appropriés aux médias, de même qu’au contenu du concept et s’ils couvrent les messages visuels, sonores, tactiles et olfactifs.

Ce cours aborde donc les différents aspects de la préparation de l’information et examine les conséquences, pour les enseignants, de sa diffusion à travers les nouveaux médias. Il a été conçu pour permettre à l’enseignant d’appliquer les principes reliés à la présentation et à la diffusion efficaces de l’information et aux diverses façons de présenter et de diffuser l’information par l’utilisation d’un langage approprié et par la compréhension des principes d’une approche communicationnelle signifiante. Cette expérience d’enseignement aura donc marqué une étape importante dans la poursuite du travail de clarification des outils d’intégration des TICs aux pratiques d’enseignement des arts plastiques.

Recherches doctorales

Enfin, à la suite des mon programme de maîtrise, j’ai poursuivi mes recherches dans le cadre d’un doctorat en études et pratiques des arts à l’UQÀM. Le champ d’intervention de mes recherches se situait alors en didactique des arts visuels. Le but de ma thèse, soutenue en décembre 2008[2], était de développer un Cahier d’activités s’inspirant d’expériences d’enseignants œuvrant dans le domaine des arts plastiques, en vue de résoudre des difficultés liées à l’intégration des TICs aux pratiques habituelles d’enseignement des arts en milieu scolaire. La recherche devrait aussi mener à l’élaboration de nouvelles stratégies répondant aux besoins de l’ensemble des niveaux d’enseignement tant en arts visuels qu’en graphisme, en animation, en médias, en design, en photographie, en dessin 2D/3D, etc.

Mon enseignement à Amman en Jordanie

À la suite de l’obtention de mon doctorat, j’ai reçu une offre du New York Institute of Technologies pour un poste d’assistant-professeur en art, média, animation, performance et technologies sur l’un de leurs campus internationaux. Il s’agissait par ailleurs d’organiser une plus grande coordination entre les départements du campus de NYIT Global Program Amman Jordan en Jordanie. Une occasion supplémentaire m’était ainsi offerte d’expérimenter mes approches pédagogiques dans ce contexte international. La clientèle regroupant des étudiants des Émirats, de l’Égypte, de la Syrie, de la Jordanie, et même de l’Europe.

Une autre étape évolutive de ma recherche : l’adaptation et le transfert sur le Web des ateliers provenant du Cahier d’activités, produit durant mes études de doctorat

En juillet dernier, dans le cadre du Congrès 2012 de INSEA à Luminos (Chypre), j’ai eu l’opportunité de lancer officiellement mon site (en trois langues, soit l’anglais, le français et l’espagnol). Celui-ci s’adresse aux éducateurs en arts visuels et médias, incorporant la science, la performance ou les technologies dans leur enseignement.

Voilà jusqu’où m’a conduit ma curiosité pour les TICs!

www.drpierrepepin.com Professional Web site

Global Training Workshop for Educators in Art

http:training.drpierrepepin.com (global Training)

Formation internationale pour les éducatrices
et éducateurs en arts visuels et médiatiques
http://formation.drpierrepepin.com

Internacional de Formación para Educadores(Español)
y educadores en Artes Visuales y Medios (in process)

[1] Pierre Pepin, « État de la situation actuelle et description de ce que pourrait être l’intégration du cours des nouvelles technologies en arts visuels au premier cycle à l’université », [mémoire de maîtrise], Département d’éducation, Université Laval, Québec, 2 vols., 1993.

[2] Pierre Pépin, « Conception d’un outil didactique pour l’implantation du multimédia en arts plastiques auprès d’élèves de 12 à 16 ans », [thèse de doctorat], Département d’études et pratiques en arts, Université du Québec à Montréal, Montréal, 2008.

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