L’apprentissage mobile

Comment sortir l’œuvre de la classe d’art

par Marie-Pier Viens

riopelle
EcoleBranchee_pour_AQESAP
revue-vision-publicite-brault-et-bouthillier
bannière SMQ pour le site de Vision

Marie-Pier Viens

Enseignante en arts plastiques et multimédia au Collège Sainte-Anne de Lachine

Biographie

Autres publications de cet auteur

À ma première année d’enseignement, j’ai cru inventer d’excitants projets pour mes élèves. Quand ils les avaient terminés, je prenais quelques exemplaires réussis et je demandais à deux ou trois élèves volontaires d’aller les afficher dans le corridor. Au début attirés par la nouveauté, les élèves s’arrêtaient au passage pour commenter le travail de leurs camarades. Puis, une semaine plus tard, l’intérêt était passé et tout était à recommencer.

Rapidement déçue du manque d’intérêt des élèves pour les créations des autres, je me suis penchée sur la question de la place de l’exposition dans la vie d’une école secondaire.

À l’époque ou tout se voit sur Tumblr, ou tout se partage sur Twitter et se commente sur Facebook, j’ai vite compris que j’étais absolument hors de la réalité de mes élèves. Il fallait que j’aille les chercher, autrement.

Exposer les œuvres fait partie du processus de création et permet aux jeunes de recevoir des commentaires et d’exprimer leur vision. Les études démontrent que l’exposition des œuvres d’art va au-delà des expériences personnelles en classe et des critiques individuelles. L’exposition permet des observations esthétiques à l’intérieur d’une dynamique et d’une interaction de groupe où l’art des jeunes et leur apprentissage pénètre profondément la dimension sociale. (Burton, 2001) Tout enseignant s’accordant sur ce fait, combien d’entre nous impliquent vraiment leurs élèves dans le montage des expositions ? Aurions-nous tendance à nous en occuper nous-même étant donné que l’implication d’un groupe d’élève dans ce processus est complexe et que l’énergie et le temps dépensés à cet effet nous manquent. Mais qu’en est-il de ce que les élève retiennent de l’exposition de leurs travaux et de l’opinion de leurs pairs si leurs créations sont affichées gratuitement et sans effort de leur part ?

Puisque l’exposition des œuvres est une partie importante dans l’évolution des créations et valorise les  élèves dans leur accomplissement, j’ai cherché un moyen pour que ce moment devienne socialement pertinent et permette le plus de discussions possible relatives au processus créateur de l’élève sans toute fois m’occasionner une surcharge de travail. Il ne m’en fallait pas plus pour me tourner vers le moyen le plus logique selon moi, soit l’utilisation des médias sociaux.

Facebook et autres médias sociaux

Dès l’automne 2009, j’ai créé un groupe Facebook sur lequel les élèves déposaient leurs projets et me demandaient des conseils. -La création d’un groupe Facebook est sans danger et ne permet pas l’accès à la page ni de l’enseignant ni de l’élève tant qu’elles sont privées. Par contre, il nécessite une discussion primordiale avec les élèves sur le matériel placé sur ce média social et les dangers de l’accès public et du dépôt de matériel compromettant.-

Le projet de la page a donné lieu à des conversations interclasses et multi-niveaux puisque rapidement, les élèves se sont mis à commenter les travaux d’arts plastiques des autres peu importe leur âge ou leur groupe attitré. Les conseils venaient de partout. Certaines évaluations d’appréciation se sont même déroulées dans ce cadre, l’élève étant invité à commenter les qualités esthétiques du travail d’un collègue.

Certains médias sociaux ne s’intéressent qu’aux arts et offrent une visibilité à une grande variété d’artistes et d’amoureux d’art. C’est le cas pour la plateforme artween.com ainsi que pour deviantart.com qui permettent aux artistes de diffuser leur travail et de récolter des commentaires. Selon Castro (2009), DevianART est un exemple de la façon dont les médias sociaux jouent un rôle important dans la création et le partage des connaissances pour les adolescents.

Balados et Audioguides

Un podcast ou balado est un moyen de diffusion de fichiers audio ou vidéo via Internet. Le podcasting permet aux utilisateurs le téléchargement d’émissions sur  les appareils mobiles et donne la possibilité d’être consommés peut importe l’endroit où l’individu se trouve. Les podcasts sont faciles à créer et à utiliser comme élément pédagogique. Afin de complémenter l’exposition physique des œuvres des élèves, je leur ai systématiquement demandé de créer des balados expliquant leur processus créateur, leur inspirations ainsi que leurs commentaires sur le résultat final. Cette idée n’est pas révolutionnaire en soi puisque déjà, les enseignants ont l’habitude de demander aux jeunes de s’exprimer sur leurs travaux de diverses manières. Par contre, les avantages de ces courtes vidéos sont multiples. Grâce à diverses technologies du Web 2.0, notamment les blogs, podcasts, wikis, et Youtube, les élèves peuvent publier leurs travaux à une large audience. Les parents, les autres élèves, et les gens du monde entier peuvent interagir avec les étudiants et leur travail par le Web 2.0.  (Buffington, 2008).

Dans le cadre de mes projets, cela a donné lieu à des vernissages au cours desquels les spectateurs avaient accès à des commentaires audio-visuels rattachés aux créations qu’ils voyaient. Les individus étaient ensuite invités à laisser leurs commentaires aux élèves créateurs. Des codes-barres reliés aux balados sont restés sur place afin de rendre accessible l’information à quiconque était intéressé à s’informer et commenter.

Blogs et portfolios-web

Parallèlement à la création de balado, une autre pratique née du Web 2.0 permet aux élèves d’exposer leurs travaux, de s’exprimer et générer des commentaires en élargissant le spectre des spectateurs. Les galeries basées sur le web font partie des nouvelles possibilités d’exposition des travaux artistiques. Elles peuvent prendre la forme de blogs ou de sites-web traditionnels. Leurs avantages sont grands : alors que l’espace disponible dans les corridors des écoles oblige les enseignants à faire une sélection des meilleurs travaux de leur classe afin de monter une exposition équilibrée, les galeries basées sur Internet permettent un espace infini. Ce type d’exposition peut aussi contenir les portfolios des élèves et refléter leur évolution. Chaque élève, qu’il soit talentueux ou débutant, peut avoir une place sur le Web.

De mon coté, j’utilise les blogs et galeries-web dans mon enseignement afin de motiver les élèves à générer des idées et des projets pour ensuite les partager. Chacun de leurs devoirs, exercices de base, travaux personnels et projets d’arts plastiques sont présentés et diffusés tout au long de l’année.

À en comprendre le trafique d’image que mes élèves se partagent sur les médias sociaux, j’en conclue qu’ils s’intéressent à l’art et qu’ils sont visuellement cultivés. Afin de capter leur intérêt face aux projets qu’ils créent dans mon cours, j’intègre leur amour du partage sur le web à leur travail artistique. La beauté de cette méthode, c’est que les projets qui en découlent sont de plus en plus dynamiques. Avec beaucoup de plaisir, je me laisse surprendre tous les jours par l’ingéniosité de ces adolescents que je côtoie.

Afin d’en savoir un peu plus sur les balados, sites et blogs créés par mes élèves, je vous invite à visiter le blog de ma classe : http://madameviens.blogspot.ca

Bibliographie

Buffington , M. (2008). Creating and consuming web 2.0 in art education. Computers in the Schools, 25(3-4), 303-313.

Burton, D. (2001). Social dynamics in exhibiting art: Rethinking the practices of art education. Art Education, 54(1), 41-46.

Castro , J. (2009). Even out the playing field: Teaching and learning through social media. The Canadian Art Teacher, 8(1), 35.

Laisser un commentaire

Les champs suivis du symbole * sont obligatoires.




AQESAP bandeau publicitaire Revuevision.ca
revue-vision-publicite-brault-et-bouthillier
riopelle
bannière SMQ pour le site de Vision
revue-vision-publicite-aqesap

UNE VISION DE L’ART+

UNE VILLE EN PAPIER À L’ÈRE NUMÉRIQUE

Cathy Jolicoeur et Marie-France Bégis

UNE VISION D'ENSEIGNEMENT

PORTRAITS HOLOGRAPHIQUES COMME EXUTOIRE

Véronique Perron et Ethel Laurendeau

UNE VISION DE COLLABORATION

UNE VILLE EN PAPIER À L’ÈRE NUMÉRIQUE

Cathy Jolicoeur et Marie-France Bégis

UNE VISION QUI SE QUESTIONNE